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Le poker selon Guy Debord

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Le philosophe situationniste Guy Debord s’est intéressé au poker.

Dans une lettre envoyée en 1990 à Alice Debord, sa femme,

il livre quelques réflexions sur le jeu et la notion de bluff avec beaucoup de clairvoyance.
Le bluff est précisément l’élément imaginaire du poker,

ce qui dans le jeu relève d’une représentation dont on ne peut savoir si elle est,

ou pas, conforme au réel. Extraits.

 

 

 

1. Le bluff est le centre de ce jeu. Il le domine, du seul fait qu’il est permis; mais s’il domine, c’est seulement pour son ombre de personnage absent. Sa réelle intervention doit être tenue pour négligeable.

 

2. Le secret de la maîtrise du poker, c’est de se conduire d’abord, et autant que possible, sur les forces réelles que l’on se trouve avoir. Il ne faut certainement rien suivre très loin avec des forces médiocres. Il faut savoir employer à fond le kaïros de la force au juste moment. Il est facile de ne perdre que peu, si l’on garde toujours dominante la pensée que l’unité n’est jamais le coup, mais la partie. Il est plus difficile de gagner beaucoup au juste moment ; et c’est le secret des bons joueurs. C’est là que s’établit leur différence permanente.

 

3. Le mauvais joueur voit partout le bluff, et en tient compte. Le bon joueur le considère comme négligeable et suit d’abord la connaissance qu’il a de ses moyens dans chaque instant.

 

4. Celui qui a compris cette existence en fait purement théorique du bluff, gagnera en se guidant sur ses cartes ; et les réactions connues des adversaires. Si l’autre veut bluffer, je n’ai rien à en savoir ; et lui croira souvent au contraire que je bluff, comme il voudra, selon ses propres rêves.

 

5. Le rôle de la tricherie est pratiquement nul entre ceux qui s’affrontent au poker. Un bon joueur le sentira musicalement à la première étrangeté ; sera sûr à la deuxième ; par exemple, pour moi, ne pas gagner vite était déjà une étrangeté. De la même façon, et à l’inverse, dans la vie, si j’avais «gagné vite» où que ce soit, j’aurais immédiatement su que c’était, du fait même, un dangereux signal d’alarme. Je m’en suis facilement tenu à distance, toujours. Elle ne peut être démontrée. Donc, il ne faut pas en parler; il suffit de s’en éloigner systématiquement : je veux dire de cet environnement arrangé. C’est l’équivalent de ce que Sun Tsé appelait à la guerre des lieux gâtés ou détruits. («Si vous êtes dans des lieux gâtés ou détruits, n’allez pas plus avant, retournez sur vos pas, fuyez le plus promptement qu’il vous sera possible. »)

 

6. La vérité «la plus vraie» du poker, c’est que certains joueurs sont essentiellement toujours meilleurs que d’autres; et c’est aussi la moins reconnue.

 

7. Ces notes ne permettrons sûrement pas à n’importe qui de gagner au poker ; parce que n’importe qui ne peut pas les comprendre (et c’est pour cette raison, surtout, que les disciples de Clausewitz ont fait gagner très peu de batailles). Enfin, le poker aussi rencontre, quoique très partiellement, un rôle du hasard.

 

(Œuvres complètes – Guy Debord, Paris -Gallimard, 2006, pp. 1790-1791)


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Mise à jour le Mardi, 21 Janvier 2014 16:08  

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